Date: 28 janvier, 2019 - Blog
« Les rumeurs d’un pacte tacite
du G20 se multiplient »
Une trêve commerciale est en cours depuis quelques semaines. Jusqu’à présent, les deux présidents ont fait de leur mieux pour maintenir un climat de discussion favorable / amical. Même des points controversés de discordes – comme l’emprisonnement d’un haut dirigeant de Huawei – ont été dédramatisés et traités au travers de boucs émissaires commodes, comme le Canada par exemple … Pékin est à la manoeuvre, clairement. La visite de quatre jours de Kim à Pékin rappelle ce qui s’était passé il y a quelques trimestres : se préparer pour le prochain sommet Donald-Kim. Les médias chinois ont flatté le jeune leader, en soulignant son appartenance au club « millénial ». Ce faisant, Pékin affirme une relation hiérarchique – de séniorité – avec Xi. Pékin souhaite accorder des fonds et un soutien économique à la Corée du Nord, à condition qu’elle puisse « contrôler » Pyongyang et éviter une réunification des deux Corées. Kim est à la fois un atout important, mais également une menace potentielle pour la Chine dans ses discussions avec Washington. Kim reste probablement aussi imprévisible / peu loyal que Donald …
La Chine internationalise et « dédollarise » officiellement sa devise depuis quelques années. Par conséquent, elle gère un panier de devises pour définir le prix du Yuan, plutôt qu’une simple référence au USD. La semaine dernière, la monnaie chinoise a progressé de 1,3% par rapport au dollar américain, sa plus forte hausse depuis 2005. Cette hausse est très probablement dictée par des considérations politiques, car toutes les dernières décisions de la PBoC (réduction des exigences en matière de réserves des banques chinoises) n’étaient pas favorables au yuan. MSCI décidera au premier trimestre 2019 si les actions chinoises remplissent les conditions pour obtenir une pondération (substantiellement) supérieure dans ses indices émergents. La bonne gouvernance, la réduction des interventions de l’État et la stabilisation de la monnaie sont des facteurs importants à cet égard. Une pondération plus élevée des actions chinoises provoquerait inévitablement un afflux vertueux de capitaux étrangers …
Trump a trusté la scène politique nationale en 2018. Ce n’est plus le cas depuis les élections de novembre. Les démocrates constitueront un obstacle permanent. Les députés républicains sont également prudents dans le contexte des élections de 2020. Des députés républicains éminents, comme Mitt Romney, développent une farouche résistance au sein du parti. Les électeurs du leader populiste commencent à être désillusionnés. Il est trop tôt pour savoir s’ils vont s’orienter davantage vers l’extrême droite du paysage politique ou plutôt soutenir à nouveau le courant libéral-démocrate… Les limites de la formule toxique de Trump ont été atteintes. L’érosion de la confiance, l’optimisation de la discorde et l’évolution constante de ses positions sont des stratégies à court terme. L’exercice effectif du pouvoir et l’absence de résultats l’empêchent d’utiliser le jeu du blâme. L’attaque violente de J. Powell, donc de l’indépendance de la Fed, a probablement été le symptôme le plus saillant de cet échec.
Le mantra MAGA, « Make America Great Again », perd de sa vigueur et sa crédibilité. Trump se recentre vers l’intérieur, par obligation. L’ordre du jour de Donald sur le front intérieur est chargé et le restera jusqu’à la fin de son mandat, ce qui favorisera un déplacement de son agressivité. Compte tenu également de la récente chute des marchés financiers, il a un grand besoin politique désormais de conclure un accord. Le changement récent de rhétorique de la Fed, la stabilisation des prix du brut et de l’USD, ainsi que les initiatives politiques et économiques de la Chine créent un cadre d’apaisement. Cet environnement contraste fortement avec les tristes derniers jours de décembre 2018 … Cela rappelle l’accord de Shanghai du G-20 en 2016, prélude à la reflation mondiale. En conclusion, l’apaisement crée des conditions préalables à la stabilisation des marchés. Xi et Trump ont un intérêt commun à le prolonger, à court terme. Il ne suffira toutefois pas, en soi, à favoriser une reprise durable des marchés. Un accord commercial, global, entre États-Unis et Chine et la baisse des taux directeurs chinois généreraient une véritable « reflation trade » (cf. 2016). Les marchés émergents (notamment l’Asie), ainsi que les matières premières, en seraient les principaux bénéficiaires.