Energie – Métaux industriels

Date: 9 mai, 2022 - Blog

D’un choc de l’offre vers un choc de la demande ?

Les prix de l’énergie et des métaux industriels montent en raison des disruptions multiples provoquées par le Covid et la guerre en Ukraine. La transition énergétique y contribue sur certains métaux. Ce choc de l’offre se traduit par une très forte hausse de l’inflation. Ce choc de l’offre traduit aussi le manque d’investissements depuis 2016 dans de nouvelles capacités de production en raison des contraintes environnementales et sociales, ainsi que la nouvelle géopolitique mondiale qui favorisent les nationalisations de l’exploitation et la production. La rentabilité des projets n’est plus garantie.

Les sociétés pétrolières et gazières ont publié de gigantesques profits, incluant les importants correctifs de valeur sur les actifs russes. Avec l’inflation, les marges dans le raffinage progressent. Les entreprises ont annoncé des programmes de rachats d’actions plus importants, une hausse des dividendes et le remboursement des dettes, mais très peu d’investissements dans de nouveaux projets. Malgré des exportations records en GNL et des stocks bas, inquiétant les professionnels pour le prochain hiver, les sociétés américaines de gaz veulent garder une discipline financière stricte et favoriser les actionnaires. D’autres facteurs freinent l’augmentation de la production : la pénurie de main-d’œuvre et de biens d’équipement.

Source : Energy Information Administration

Les groupes miniers ont également publié d’excellents résultats. Par contre, les objectifs de production ont été difficiles à atteindre en raison de disruptions avec les travailleurs (malades Covid, revendications sociales) et le transport. Par rapport à l’industrie pétrolière/gazière, l’industrie minière est beaucoup plus sensible aux dysfonctionnements dans le travail et la logistique.

Ce choc de l’offre connu, va-t-il laisser la place à un choc de la demande qui ferait baisser les prix ?

On va vers un ralentissement économique, il n’y a plus de doute là-dessus. Mais se dirige-t-on vers une récession globale ? Douce, forte ? Récession globale (prudence des consommateurs et ralentissement des forces productives en raison des pénuries en matériaux et composants) combinée à l’inflation est le parfait cocktail pour une forte diminution de la demande. C’est le choc de la demande.

Le plus grand risque est un fort ralentissement économique chinois en raison des importants confinements qui perturbent l’économie domestique et les chaînes d’approvisionnement globales. La semaine dernière, le Parti central a confirmé la poursuite de la politique sanitaire zéro-Covid. Le « crash » immobilier pèse aussi sur la croissance et devrait peser sur la demande en métaux industriels, sachant qu’avant le Covid l’immobilier chinois absorbait 20%-30% de l’offre mondiale. Les investisseurs commencent à intégrer ce risque, les prix des métaux industriels ayant perdu entre 15% et 30% sur les 2 derniers mois.

Les ardents défenseurs des métaux industriels soulignent le niveau très bas des stocks et le besoin croissant venant de la transition énergétique.

Dans l’énergie, les prix pourraient se détendre au second semestre 2022 malgré la décision de l’OPEP+ de maintenir sa stratégie prudente en matière de production. On parle de plus en plus d’un cartel européen des acheteurs de gaz et de pétrole, comme les Etats européens avaient réussi à faire avec les vaccins Covid. Cette idée n’est pas nouvelle, mais la guerre accélère sa mise en place. Un cartel des acheteurs aurait un fort pouvoir de négociation sur les prix. L’Administration américaine signe des contrats de long terme avec les producteurs américains pour reconstituer les réserves stratégiques. En offrant de la visibilité aux producteurs, le Département de l’Energie US espère les convaincre à produire plus.

L’Europe s’organise à remplacer le pétrole et le gaz russe. Les alternatives enlèveront progressivement la pression sur les prix. L’Italie travaille avec ses autres fournisseurs, en particulier avec les producteurs d’Afrique du Nord où l’Italie a toujours eu de bonnes relations. Ces prochains mois, l’Allemagne va installer quatre gigantesques terminaux flottants de 300 mètres de long pour accueillir du GNL. Malgré les critiques, l’Allemagne a tout de même réagi très vite en réduisant sa dépendance aux hydrocarbures russes de 55% fin 2021 à moins de 35% aujourd’hui ; La part du pétrole russe est passée de 30% à 12%. Les principaux fournisseurs seront les Etats-Unis, la Norvège, le Qatar et l’Algérie. L’objectif de l’Allemagne est de doubler le développement des renouvelables d’ici à 2030. Jusqu’ici les lourdes études d’impact sur l’environnement avaient freiné l’expansion des énergies vertes. Une loi spéciale va permettre aux autorités d’approuver les projets liés au GNL sans se plier aux procédures habituelles d’autorisation.

  • La guerre et la politique sanitaire Covid chinoise commencent à préoccuper les investisseurs avec un possible choc sur la demande pouvant faire baisser les prix des énergies fossiles, ainsi que ceux des métaux industriels
  • Par rapport au positionnement sectoriel sur le cycle économique, nous prenons progressivement nos profits dans l’énergie et les métaux