Les américains peaufinent leur arsenal juridique

Date: 2 novembre, 2018 - Blog

Un nouveau défi pour les géants de la techno ?

Selon la doctrine de Trump, le savoir-faire américain doit être, par tous les moyens, protégé des puissances étrangères, notamment de la Chine. À cet égard, le Congrès est en train de promulguer des lois visant à réprimer certains types d’investissements étrangers. Ces nouvelles lois ont reçu un soutien bipartisan du Congrès et ont été ratifiées par le président en août dernier. Il faudra compter encore au moins un an pour leur adoption définitive. Dans l’intervalle, le Trésor a récemment annoncé un programme pilote, supervisé par la CFIUS (Commission des investissements étrangers aux États-Unis). Les « deals » devront être signalés à cette organisme, lorsque l’entreprise cible est active dans la conception, la mise à l’essai ou le développement de technologies critiques liées à 27 industries dites « sensibles » (télécommunications, semi-conducteurs, construction aéronautique, production d’aluminium), tout comme le stockage de données, missiles téléguidés et autres équipements militaires, etc. La première partie de ce programme pilote débutera dès le 10 novembre. Une seconde salve législative (notamment sur les implémentations, les ports, etc.) sera traitée ultérieurement. Les investissements étrangers seront systématiquement examinés.  Le nouveau cadre imposera également des déclarations obligatoires sur les investissements-clés visant dans la technologie américaine.

L’année 2019 marquera le 30e anniversaire de la création du Web. Il a permis le large accès à l’information et au savoir. Une commission de la Banque mondiale a publié un rapport établissant des priorités pour permettre l’accès aux 3 milliards de personnes non encore connectées. Elle demande notamment aux pouvoirs publics de prendre le relais du secteur privé afin d’étendre la couverture aux régions les plus pauvres et les plus reculées du monde. Parmi les défis, le rapport affirme que le pouvoir numérique a été centralisé entre trop peu de mains. Des partenariats public-privé à grande échelle sont nécessaires pour envisager une couverture universelle.

Au-delà de la question de l’accès, l’Université d’Oxford a identifié un autre problème à résoudre, à savoir le nombre croissant de gouvernements qui instrumentalisent les technologies du Web et manipulent les opinions publiques. L’Université d’Oxford a démontré les nombreuses campagnes de manipulation sur les médias sociaux organisées dans 48 pays (contre 28 l’année précédente). Pour elle : « les jours sont révolus, où les médias sociaux constituaient l’infrastructure naturelle pour le partage des savoirs collectifs et la coordination des engagements civiques… »

Éric Schmidt, l’ancien PDG emblématique de Google, a surpris son auditoire il y a quelques semaines lors d’une conférence privée à la Silicon Valley. Il prévoit une scission, historique, d’Internet au cours des 10 à 15 prochaines années … Il décrit un nouveau monde virtuel, où Internet ne serait plus finalement une plate-forme unique intégrée où l’argent, les informations et le commerce électronique circulent quasi librement, mais deviendrait double : un « Internet dirigé par les Chinois et un Internet non chinois dirigé par l’Amérique ». Pour lui, cette issue est l’extrapolation logique a) du « Grand Pare-feu Chinois » déjà utilisé par Pékin pour filtrer le contenu « inapproprié » du Web, et b) de la rivalité politique entre les deux pays. Il interprète l’initiative de la route de la Soie comme un puissant moyen pour la Chine de canaliser ses partenaires vers le côté chinois du cyberespace. Sa vision sombre est la suivante : « le risque est celui d’une nouvelle version du rideau de fer de l’ère soviétique du XXIe siècle, un cyber-rideau divisant l’Internet mondial en deux »….

En conclusion :

  • L’information était, est et restera une source et un outil majeurs de pouvoir
  • La quête des États-Unis et de la Chine pour l’hégémonie technologique augmente les risques de fragmentation du cyberespace
  • Les modèles d’affaire et de croissance des grands géants mondiaux pourraient ne pas être aussi résilients qu’on a pu le penser récemment…

 

Schindler

CEO

Heravest