Date: 25 mars, 2019 - Blog
Le contexte macro-économique et des marchés montre d’intéressantes similarités avec 2016.
Affaiblissement conjoncturel, grande volatilité des actifs risqués et des matières premières (pétrole), fébrilité des banquiers centraux, relance chinoise. L’alerte conjoncturelle n’at été que temporaire et tout s’était plutôt bien terminé pour les marchés cette année-là… À partir du 1er trimestre 2016, le MSCI monde a en en effet progressé de 50 % et le pétrole de plus de 40 % en 20 mois, alors que les taux longs (gouvernement américain à 10 ans) passaient de 1,5 % à 2,5 % dans le même temps. Au niveau de la politique monétaire, la Fed n’avait monté son taux directeur (que de 25 pb) au lieu de 100pb prévus en 2016. Incidemment, elle avait cessé de monter les taux lorsque l’indice de l’industrie manufacturière chinoise était tombé au niveau de 48, exactement le même chiffre qu’en décembre 2018… En ce qui concerne les similitudes en 2019, J. Powell semble suivre le scénario de J.Yellen à l’époque. Comme elle, il temporise. La question est de savoir si les faiblesses de la conjoncture Chinoise, des matières premières et du yuan persisteront. Un armistice monétaire – officieux – avait été conclu au G-20 de Shanghai entre les grandes économies, mettant fin à la hausse brutale du USD. En contrepartie, Pékin avait stoppé la dévaluation concurrentielle du yuan.
En ce qui concerne les différences avec 2016, la Chine joue une nouvelle partition en matière de politique économique. Ces derniers mois, elle a mis en place des réductions d’impôts et des incitations pour stimuler progressivement la consommation. Incidemment, des mesures fiscales additionnelles viennent d’être annoncées lors du plénum de mars. Elle a également injecté des liquidités massives dans le système bancaire, ouvrant discrètement la porte à un QE à la chinoise (pro-gressif et ciblé) et au sauvetage / recapitalisation des banques en difficulté. Beijing prend aussi de nouvelles mesures pour ouvrir ses marchés financiers. La Chine poursuivra toutefois ses efforts en matière de réglementation pour limiter les effets secondaires néfastes de l’assouplissement passé et présent (par exemple, le système bancaire parallèle non contrôlé ayant alimenté un effet de levier excessif). Voyons les choses en face, la Chine est confrontée à un dilemme classique: assurer la stabilité extérieure (monnaie stable) tout en stimulant la croissance intérieure (secteur privé). En 2016, les anticipations inflationnistes traduisaient les risques de déflation (les swaps d’inflation américains à 5 ans étaient tombés sous la barre des 1,4 % et dans la zone euro sous la barre des 0,5 % au quatrième trimestre).
La situation est radicalement différente maintenant, d’où des risques plus modérés pour les banques centrales. Les pressions salariales sont plus grandes, notamment aux États-Unis, où ils pourraient finalement lier les mains de la Fed. La déliquescence (géo)-politique et la guerre commerciale étaient absentes en 2016. En conclusion, une nouvelle politique économique chinoise – de reflation – se confirme, cela ne fait aucun doute. Elle est moins lisible que les précédentes et son temps de réponse sur l’économie est plus incertain. Pour le moment, Pékin n’ose pas (encore) baisser ses taux directeurs, avant qu’un accord – commercial – ne soit trouvé avec Washington. Les risques de déflation, au niveau mondial, sont bien moindres qu’en 2016 et un nouvel assouplissement budgétaire aux États-Unis est improbable. Il est possible que la Fed reprenne sa normalisation monétaire au second semestre, fin de cycle oblige. Donc reflation oui, mais d’une nature et d’une ampleur très différentes qu’en 2016. Il n’y a donc guère de chance que les marchés des actions recommencent à s’enflammer comme ces dernières années.