Tout réside dans les détails

Date: 9 janvier, 2020 - Blog

Une trêve commerciale, enfin

La signature prochaine d’un accord de « phase 1 » entre les États-Unis et la Chine est une bonne nouvelle. Elle signifiera à terme la désescalade de la guerre commerciale des deux dernières années. Elle permettra, en pratique, le démantèlement progressif des droits de douane ¨corrosifs¨ imposés par Trump aux derniers trimestres de 2019, qui – s’ils avaient été mis en œuvre – auraient eu des répercussions néfastes sur les consommateurs américains. Compte tenu du stade de fin de cycle économique, une telle charge aurait entraîné des conséquences indésirables.

Chose importante, il reste à déterminer le périmètre et le contenu précis de cet accord. En effet, les achats agricoles et d’autres produits américains par les chinois semblent garantis. Il semble également que Xi « concédera » sur le front de la monnaie, c’est-à-dire stabilisera le yuan. Une plus grande ouverture du secteur des services financiers chinois pourrait également avoir lieu. Mais pour le reste du pacte, l’incertitude reste entière à ce jour !

L’évaporation des tensions commerciales devrait soutenir quelque peu le capex / les investissements

Mais cela ne sera pas suffisant pour rétablir l’essor du commerce mondial

Cependant, la confiance n’est pas rétablie

Les États-Unis ont érigé depuis quelques années, à la hâte, des lois et des barrières contre les investissements étrangers considérés hostiles. Les actions les plus spectaculaires ont été prises contre ZTE et Huawei. Logiquement, les flux de capitaux chinois ont chuté depuis leur sommet de 2016. Un net ralentissement est visible dans les fusions et acquisitions, les investissements directs et le capital-risque.

Total des investissements chinois aux États-Unis

Source: Rhodium Group

Les bureaucraties des deux gouvernements progressent avec leurs règles pour limiter les ¨risques sécuritaires¨ croissants. Une volonté partagée de découplage des économies américaine et chinoise émerge clairement en matière de technologie. La Chine accélère ses réglementations restrictives en matière de sécurité sur le matériel informatique, les logiciels et les flux de données. La loi chinoise sur la cybersécurité, entrée en vigueur en juin 2017, est le fondement juridique des efforts actuels pour atteindre ces objectifs.

Les entrées de capitaux chinois aux Etats-Unis continueront de ralentir

Cela pourrait entraîner la fin du cycle des fusions et acquisitions des États-Unis

Les affaires des entreprises étrangères technologiques en Chine deviendront moins rentables

Arbitrage et exécution, ultimes grains de sable

L’adhésion de la Chine à l’OMC en 2001 a favorisé la mise en place de conditions-cadre plus équitables à l’échelle mondiale (encadrement juridique). En tant que principal bénéficiaire de la mondialisation, Pékin est devenu un ardent défenseur du libre-échange.

En corollaire, l’arbitrage commercial international a prospéré, parallèlement au développement continu du commerce et des investissements transfrontaliers. Idéalement, toute décision de justice dans un pays spécifique (États-Unis), une région (Europe) ou une organisation supranationale (par exemple l’OMC), devrait théoriquement être a) reconnue et b) mise en œuvre par la contrepartie concernée (par exemple la Chine). En pratique, c’est loin d’être le cas. La méfiance croissante de l’administration Trump envers les entités et processus multilatéraux devient un (nouvel) obstacle à cette fluidité.

Jusqu’à récemment, l’échec de la signature d’un pacte commercial durable entre Washington et Pékin était notamment dû aux États-Unis, tentant d’imposer le système et les tribunaux américains / occidentaux pour tout différend, où qu’il se produise … Désormais, de nouvelles discussions sont en cours concernant l’arbitrage international, comme l’arbitrage investisseur-État et le financement par des tiers.

En ce qui concerne les mesures de contrainte, la Chine a fait des efforts ces dernières années pour s’aligner sur les normes internationalement reconnues. Cette approche favorable s’est accélérée depuis 2013, afin de faciliter son initiative de la route de la soie. À cette fin, la Chine a adopté des mesures applicables à l’échelle nationale et a fait des innovations révolutionnaires au sein de ses zones pilotes de libre-échange. Il n’empêche que l’inertie et la forte proportion de rejet par les tribunaux administratifs chinois demeurent.

L’écart est important entre les normes chinoises – inférieures à la moyenne – et les États-Unis de plus en plus protectionnistes

Il faudra de nouvelles initiatives / avancées politiques, importantes, pour forger des pactes bilatéraux durables