Les investisseurs conservent un positionnement défensif

Date: 23 avril, 2020 - Blog

Sur le marché des changes, la crise du Covid-19 a évolué en plusieurs phases : déni, réévaluation, capitulation et stabilisation. Les investisseurs se sont tout d’abord focalisés sur les retombées en Chine et les conséquences sur le commerce mondial qui ont alimenté la faiblesse de l’euro (jan/ fév). Deuxièmement, le repricing de la Fed a conduit à une liquidation de l’USD (fév/mars). Troisièmement,  la capitulation a engendré une  fuite vers la qualité et la liquidité supportant l’USD (mi-mars) et enfin la stabilisation a entrainé  une prise de profit sur l’USD (mar/avr). Les flux de capitaux – notamment les rebalancements de portefeuilles – et l’augmentation des spreads (Libor, périphérie européenne, crédit) et l’imminence d’une guerre des prix sur le pétrole ont dominé les marchés des devises. Dans un contexte incertain, les valorisations ne sont pas les principaux facteurs, les indicateurs techniques sont nettement plus importants.

Le positionnement spéculatif ne montre pas de preuves claires d’une évolution en faveur des devises procycliques. Les investisseurs ont augmenté leur allocation sur les devises défensives à faibles rendements (JPY, CHF et EUR). Ils continuent de réduire leurs paris sur les devises matières premières et émergentes. Le positionnement sur l’USD et le GBP reste neutre.

Des dislocations apparaissent

Alors que le positionnement net sur les devises à faibles rendements JPY, CHF, EUR a progressé ces dernières semaines, ces 3 devises ont sous-performé. Cela est d’autant plus surprenant que l’appétit pour le risque a commencé à se reprendre. La construction de positions longues nettes dans sur les devises défensives tend à indiquer que les investisseurs n’ont pas encore opté pour une augmentation du risque.

Positionnement spéculatif des marchés développés

Positionnement spéculatif des marchés développés

Source : Bloomberg

Le positionnement sur l’euro est revenu à ses niveaux les plus élevés du début 2018 et ne montre aucun signe de préoccupations face à une possible agitation sur le marché de la dette européenne, et ce même si les gouvernements de l’UE n’ont pas adopté de réponse commune au Covid-19. Le JPY et le CHF restent les 2 seules autres devises développées avec un positionnement net long.

Bien que la résilience du positionnement sur les devises à faible rendement dénote une approche défensive continue, cela n’est pas allé de pair avec la construction d’une position longue sur l’USD, qui a été la principale monnaie et actif-refuge  ces dernières semaines. L’allocation des spéculateurs sur le dollar n’a pas suivi les fortes fluctuations du dollar observées au cours des récentes turbulences sur le marché.

Le positionnement sur l’USD est revenu en territoire négatif pour la 1ère fois depuis la mi-2018. Le GBP est également revenu à une position neutre après avoir vu la plupart de ses positions longues nettes être réduites alors que la pandémie frappait le Royaume-Uni.

Dans le reste des pays développés, le bloc dollar continue de montrer des divergences. L’AUD reste le plus gros short au sein du G10, comme il l’a été tout au long de ces 2 dernières années. Les investisseurs venant juste d’adopter un positionnement net short  sur le NZD et le CAD ces dernières semaines.

Positionnement spéculatif des devises liées aux matières premières

Positionnement spéculatif des devises liées aux matières premières

Source : Bloomberg

L’EUR/USD semble coincé dans sa récente fourchette, mais avec un léger biais baissier, car nous doutons que l’optimisme puisse se former autour de l’EUR pour l’instant. Alors que les monnaies cycliques ont récupéré environ la moitié de leurs pertes, une reprise complète n’est pas à l’ordre du jour.

Les prix des matières premières devraient se maintenir aux niveaux actuels pour une période prolongée, car une hausse des prix du pétrole malgré la baisse de production des producteurs  de pétrole semble limitée.

  • Contrairement aux actions et à certains segments du crédit, le  positionnement sur les devises est toujours en mode adverse au risque
  • Les marchés des changes sont en phase de consolidation, en attendant des éclaircissements sur les retombées économiques et financières