La Fed n’est pas à blâmer

Date: 8 août, 2019 - Blog

Comme attendu, la Fed a réduit son taux directeur de 25 pbs, à 2,00-2,25%, pour la première fois en une décennie, avec 8 voix  pour et 2 contre. Plus surprenant, la Fed a décidé de mettre fin à la réduction de son bilan immédiatement, quelques mois plus tôt que prévu, mais cette décision ne change pas la donne. La Fed a mis en avant 3 raisons pour justifier son assouplissement (1) la hausse des tensions commerciales, (2) le ralentissement de la croissance mondiale et (3) la faiblesse de l’inflation. Cependant, une grande différence doit être faite. C’est la première fois que la Fed baisse ses taux directeurs dans un environnement aussi accommodant. Les conditions financières et les taux réels n’ont jamais été aussi bas au moment de la 1ère baisse de taux.

La Fed a essayé de trouver un équilibre entre un message accommodant et le fait de ne pas promettre plus que ce qu’elle souhaite implémenter ultérieurement

Comme attendu, la Fed a répété qu’elle agirait de manière appropriée pour soutenir la croissance. Ce biais accommodant suggère que d’autres baisses de taux sont probables. Cependant, les membres du FOMC ne se sont pas engagés sur d’autres baisses. Ceci est plus restrictif. Powell n’a pas exclu d’autres baisses. Il ne parle pas du  début d’un long cycle d’assouplissement, mais plutôt d’ajustement de milieu du cycle ou de  baisse préventive. Tout dépendra  des chiffres macro  et des négociations commerciales. Compte tenu de la dépendance aux données de la Fed et de l’accent mis sur les négociations commerciales, il est de plus en plus difficile de prévoir la politique monétaire. Il a ensuite précisé que cela signifiait simplement que le FOMC ne s’attendait pas à un cycle prolongé de baisses de taux comme en période de récession. Il s’agit donc d’une baisse de taux ponctuelle. Ce cycle de baisse semble plus comparable aux périodes d’assouplissement de 1995 et 1998, lorsque la Fed avait abaissé ses taux par trois fois afin de prolonger la période d’expansion.

Fed Funds et taux réels

Source : Heravest, Bloomberg

Le cycle manufacturier mondial a mal débuté le 3ème trimestre, donnant ainsi aux principales banques centrales de bonnes raisons  d’assouplir les conditions monétaires. En juillet, les PMI ont baissé plus que prévu en Europe et aux États-Unis. Le taux de chômage est resté proche des  plus bas niveaux historiques et le sous-emploi a atteint son plus bas niveau depuis 2000. Les données relatives aux dépenses de juin suggèrent que la consommation reste ferme, et la confiance du consommateur pour juillet suggère  que les ventes au détail  devraient rester élevées.

Bien que l’expansion américaine soit la plus longue jamais enregistrée, que la croissance du PIB au T2 ait été forte et que le taux de chômage soit faible, les avantages d’un assouplissement de la politique monétaire sont désormais plus importants que les coûts. D’autant plus que  l’inflation reste basse et que l’incertitude entourant les perspectives macroéconomiques a  progressé. La  nouvelle hausse de 10% des droits de douane sur 300 milliards de dollars de produits chinois pourrait être le déclencheur. La Fed devrait réduire davantage ses taux directeurs cette année.

  • D’autres baisses des Fed Fund dépendront des données économiques et des tensions commerciales