Les ventes de voitures électriques battent des records, mais le manque de métaux est présent

Date: 2 juin, 2022 - Blog

Les ventes de voitures électriques battent des records, mais le manque de métaux est présent

Les ventes de voitures électriques ont doublé en 2021 à 6,6 millions d’unités par rapport à 2020. En 2021, 10% des voitures vendues étaient électriques contre 2% en 2019. Au 1T22, 2 millions de voitures électriques ont été vendues, soit 75% de plus qu’à la même période en 2021. La Chine compte pour la moitié de la croissance. En 2021, 50% des voitures électriques avaient été vendues en Chine, 35% en Europe et le solde aux US. A court terme, les ventes pourraient être perturbées par la guerre en Ukraine, mais l’électrification est en marche et les voitures électriques compteront pour au moins 30% des voitures vendues dans le monde en 2030.

Mais le risque est le déficit de métaux nécessaires à la fabrication des batteries, sous stress avec le Covid et accentué par la guerre en Ukraine. Le lithium et le nickel sont deux composants importants pour les batteries. La Russie produit 20% du nickel raffiné et la Chine contrôle une grande partie du raffinage du lithium, du graphite et du cobalt. La Chine ne fait pas mystère de son ambition de dominer l’industrie des véhicules électriques et de prendre ainsi la place d’une industrie automobile européenne qui a perdu son avance technologique avec la fin programmée de la motorisation thermique. Les firmes chinoises, soutenues financièrement et politiquement par leur gouvernement, font main basse sur les ressources en lithium, surtout en Amérique latine dans le triangle du lithium, entre Chili, Bolivie et Argentine, où se trouvent plus de la moitié des réserves mondiales. La Chine raffine sur son sol 60% du lithium mondial.

Un autre risque est la montée du souverainisme et du nationalisme économique qui en Amérique latine est avant tout tourné contre la domination des Etats-Unis. Le Parlement mexicain a adopté le mois dernier un projet de loi déclarant le lithium comme minéral stratégique et interdisant les investissements privés. En Bolivie, un mélange d’instabilité politique et de politiques protectionnistes a empêché le développement sérieux de ses vastes réserves. La politique d’extraction des ressources du pays a oscillé entre privatisation et nationalisation. En 2018, une entreprise allemande avait battu ses rivaux chinois pour former une coentreprise de lithium avec une entreprise publique bolivienne, mais l’accord a été annulé par le gouvernement l’année suivante. Pour le moment, le Chili résiste à la tentation du nationalisme. L’Argentine est le nouvel eldorado qui possède les deuxièmes plus grandes réserves de lithium au monde, pays qui suscite aujourd’hui le plus grand intérêt des investisseurs étrangers… notamment chinois. Les entreprises chinoises ont été les acheteurs les plus efficaces et les plus réactifs, se faisant parfois concurrence pour s’emparer des actifs miniers. Le Français Eramet est tout de même présent et construit en Argentine, avec un partenaire chinois, une usine dans le désert des hauts plateaux andins, à plus de 3.800 mètres d’altitude. Elle pourrait alimenter 15% des besoins européens en lithium en 2025.